Séances de rattrapage

Passage en revue de quelques films vus ces dernières semaines, et qui n’ont pas fait l’objet de billets (mais auraient pu) :

Léviathan, film russe de Andreï Zviaguintsev. Des décors à la fois grandioses et terrifiants (la mer de Barents, au nord de la Russie, rude, tumultueuse, froide, qui recrache sur ses plages les carcasses de baleine) ; un bras de fer perdu d’avance entre un simple garagiste sur son lopin de terre et un maire tout puissant et corrompu, qui veut à tout prix le déposséder de sa maison ; la vodka qui coule à flot pour fêter une victoire, donner du courage, panser les plaies, pousser au pire. Plus le film avance, plus le drame s’épaissit, plus la violence se déchaîne. Puissant et pessimiste.

Still the water, de la japonaise Naomi Kawase. Autre monde : une île japonaise, qui vit au gré de l’océan et de ses tempêtes et au rythme de la nature. Nous y suivons l’idylle naissante entre deux adolescents. Elle, courageuse, décidée, aventurière. Lui, timide, mutique et encore immature. Chacun traverse une période difficile. Elle, l’agonie de sa mère, chamane, très malade. Lui, l’absence de son père retourné vivre à Tokyo et la vie de célibataire légère de sa mère. Les images sont sublimes, le temps comme suspendu. Moderne et intemporelle, cette histoire d’amour nous plonge dans une réflexion sur les grands thèmes : l’amour, la mort, le temps qui passe, l’instant, le passé, l’au-delà…

Mommy, de Xavier Dolan. Encensé par la critique, Mommy devait être un de ces chefs-d’œuvre qui vous scotche longtemps. A moitié vrai seulement dans mon cas. L’histoire de cet ado et de sa mère, duo paumé (bientôt rejoint par un 3e personnage non moins perdu) embarqué dans une tragi-comédie qui finit assez mal, est poignante. Certaines scènes, de violence, de complicité, de liberté retrouvée, de déchirement ou de cruauté vous prennent aux tripes. Dans l’ensemble pourtant, le film ne m’a pas beaucoup surprise (avais-je été trop prévenue ?). Le parti-pris technique (l’écran carré, réduit, pour faire écho au désespoir qui enserre les personnages) est intéressant mais qu’apporte-t-il vraiment au film ? Et il faut aussi s’habituer à l’accent et au patois québecois, qui donnent une tonalité involontairement comique à certaines scènes, du moins à mon oreille.

Magic in the moonlight, de Woody Allen. Dernier opus ma foi agréable et léger, qu’on goûte avec plaisir. On s’amuse à essayer de démasquer, avec le personnage de Colin Firth (très bon dans son rôle d’Anglais arrogant, râleur, rationnel et pessimiste), les « trucs et astuces » de la jolie et prétendue medium Sophie. Un petit morceau de Côte d’Azur ; de l’humour ; l’atmosphère léger des années 20 : voilà quelques un des ingrédients qui font le charme du film, sans oublier les dialogues savoureux et subtils dont Woody Allen s’est fait le spécialiste.