De l’autre côté de la route est une pièce dont on sort en ayant rit – de répliques qui font mouche, du comique de situation, de la gestuelle des comédiens – tout en ayant, aussi, réfléchi. Un équilibre pas toujours facile à tenir mais qui, ici, est réussi.
Le thème, d’actualité, n’est pas aisé à traiter sur scène. Il s’agit de pointer les dégâts de l’industrie pharmaceutique et l’irresponsabilité dont elle fait preuve en cachant la vérité sur les effets secondaires de certains médicaments, dans le but unique de faire des profits. Ici, c’est un antidépresseur qui, lorsqu’il est pris par une femme enceinte, entraîne l’infertilité chez l’enfant.
La pièce aborde ce thème délicat en mettant en scène deux femmes : l’une, ancienne chercheuse de renom qui a frôlé le prix Nobel, attend désespérément sa fin dans une maison de repos en Suisse. L’autre, une jeune journaliste abrupte et en colère – façon lanceuse d’alerte – vient l’interviewer sur son rôle auprès du laboratoire qui a commercialisé le médicament.
Leur face à face, tour à tour drôle et émouvant – agrémenté par la présence de personnages secondaires qui font avancer l’intrigue tout en proposant des morceaux comiques – va faire surgir, chez l’une comme chez l’autre, des blessures enfouies et une énergie nouvelle, comme un espoir. Il est question de la maladie donc, du handicap aussi, et de la mort. Et pourtant, l’on rit beaucoup !
Petits bémols : un texte un peu bavard qui aurait peut-être mérité d’être un peu resserré (la pièce dure quasiment 2 heures) et quelques répliques à l’effet comique un peu attendus. Les comédiens, eux, sont impeccables, passant avec habilité du rire aux larmes, et nous avec.